L’image insaisissable
La réalité, dans notre cerveau, ne serait proprement rien qu’une collection d’instantanés. Succession d’états précaires, fuyants et insaisissables, la présence immédiate au monde pourrait être regardée comme un flux courant qui empêcherait tout espoir de l’embrasser dans sa totalité d’un seul regard. L‘objet ne serait aussi que phantasme et l’image pure fiction? La question préoccupe les penseurs depuis toujours. Si Platon avait pu connaitre la photographie, l’aurait-il sûrement condamnée de la même façon, qu’au nom d’une certaine conception de la bonne compréhension du monde, il voulut expulser la poésie de la cité. Les poètes sont dangereux car ils donnent aux hommes l’image d’une nature subjective. Pour comprendre l’humain il faut —estimait-il— contempler l’idée de l’homme dans “le ciel des idées“ plutôt que de s’attacher à sa méprisable diversité! Aux sortilèges fluctuants de la perception, le philosophe de l’Académie choisit la lente pénétration de l’absolu. Pour lui, seuls ceux de son rang peuvent regarder le soleil en face! Affirmation d’autant plus récusable vu que ce qui est beau dans le soleil ce n’est pas l’astre lui-même mais la lumière qu’il porte sur les choses. Mais une telle attitude produit un éclairage révélateur sur ce que nombre
Suite par http://www.numilog.com/363742/Le-Photographe-ignorant.ebook