Elephant charge
The sky threatens, but rains do not come. Water points are now rarest. The last ones, fed by pumps, have turned into viscous mud ponds around which the animals rush nonetheless. The elephants monopolize ponds, pushing away the other animals, which try to approach. They also fight between them to access some clear water still flowing. In times of shortage, the animal is particularly subservient to its concern in self conservation. The struggle for his own survival predominates! No question of mutual assistance or empathy! Younger animals are thus pushed regardless, so that they venture out or fall in the mud until they cannot sometimes get out. Therefore, it was necessary, each of these days, to pull out elephants calves of the mud in which they were captured. If we succeed often to release the youngest elephants, it becomes more difficult when an adult gets caught. The problem is not only to pull it out of the mud, which is already a tour de force, but the approach the animal to fasten it. Yesterday, a mother and her baby have been caught in the mud. It was necessary to struggle for hours trying to get them out. But while we finally pull the baby off the pond, a large male elephant came charging, trompe erected, ears deployed, loudly expressing his desire to crush us. Panic! The elephant was already fifty meters when we tried desperately to scare it, stupidly waving arms, but furious as it was, nothing seemed to stop it in its tracks, including honking. He would smash the vehicle and the persons who had taken refuge precipitately. Then, divine hook foot, heart attack or unexpected imbalance, the animal —I swear it— collapsed, four legs in the air, three meters from the vehicle! Incredible ending face in which, we remained stupefied, although feverish also. The image which serves as logotype of Hwange camp —that I interpreted as an elephant taking itself the legs in the other one in its race — had been premonitory! Of ridiculous such as I saw it, I found it now as a magic dimension. It took the elephant aggressor considerable effort to recover after having remained motionless on the side for several minutes. But its unexpected intervention had stopped our rescue operation. And when, at last, we could continue our action, the mother and the young were in trouble. If we were able to take out the baby relatively quickly, the mother was a much bigger problem. We tried ten ways to get out the female elephant of her bad position, and when we finally managed to remove her from muddy gangue, she was already so exhausted to have fought against the elements, that she did not succeed to get back on legs. She remained stuck to the ground. And I thought naively, as I encouraged her to recover, while she reach out desperately her trunk towards me as if she wanted me to pull her, to read in her red, round eye, opened wide, misunderstanding and possibly distress.
to be continued…
Charge d’éléphant
Le ciel menace mais les pluies se font attendre. Les points d’eau sont devenus rares. Les derniers, alimentés par des pompes, se sont transformés en marres de bourbe visqueuse autour desquelles les animaux se pressent néanmoins. Les éléphants les monopolisent, écartant les autres animaux qui cherchent à s’en approcher. Ils se battent aussi entre eux pour accéder au peu d’eau qui s’y écoule encore. En période de pénurie l’animal se montre plus encore asservi à l’instant présent de sa conservation. La lutte pour sa propre survie prédomine! Pas question d’entraide ou d’empathie! Les plus jeunes bêtes sont ainsi repoussées sans égard si bien qu’elles s’aventurent ou chutent dans la glaise jusqu’à ne plus pouvoir parfois s’en dégager. Aussi, a-t-on du, chacun de ces derniers jours, sortir des éléphanteaux de la boue dont ils étaient prisonnier. Si l’on parvient souvent a dégager les plus jeunes éléphants cela devient plus difficile lorsque c’est un adulte qui se fait prendre. Le problème n’est pas seulement de le tracter hors de la mare, ce qui est déjà un tour de force, mais de l’approcher pour l’arrimer. Hier, c’est une mère et son petit qui se sont fait prendre par la vase. Il a fallu batailler des heures pour tenter de les en sortir. Mais alors que nous tractions enfin le bébé hors de la mare un grand mâle éléphant surgit en chargeant, trompe levée et oreilles déployées en manifestant bruyamment sa volonté de nous écraser. Panique générale! L’éléphant était déjà à cinquante mètres lorsque nous tentâmes désespérément de l’effrayer en agitant stupidement les bras mais, déchainé tel qu’il était, rien ne semblait pouvoir le stopper dans sa furie, y compris les coups de klaxon. Il allait fracasser le véhicule et les personnes qui y avaient trouvé précipitamment refuge. C’est alors, croche pied divin, attaque cardiaque ou déséquilibre inopiné… que l’animal —je le jure— s’effondra net, les quatre pattes en l’air à trois mètres du véhicule! Incroyable dénouement face auquel nous restions interdits, quoique fébriles aussi. L’image qui sert de logotype au camp de Hwange —que j’interprétais comme un éléphant se prenant les pattes l’une dans l’autre dans sa course— s’était trouvée prémonitoire! De ridicule telle que je la voyais, je lui trouve désormais comme une dimension magique! Il fallu à l’éléphant agresseur des efforts considérables pour se remettre d’aplomb après être resté immobile sur le côté durant plusieurs minutes. Son intervention inopinée avait stoppé notre opération de sauvetage. Et lorsque qu’enfin nous pûmes la reprendre la mère et le petit étaient mal en point. Si l’on put sortir le bébé relativement rapidement, la mère représentait un bien plus gros problème. Nous tentâmes de dix manières de la sortir de sa mauvaise position, et quand enfin nous parvinrent à l’extraire de la gangue boueuse, elle était déjà si exténuée pour avoir bataillée contre les éléments qu’elle ne parvint pas à se remettre sur ses pattes. Elle restait rivée au sol. Et je crus naïvement, tandis que je l’encourageais à se redresser alors qu’elle lançait désespérément vers moi sa trompe comme si elle voulait que le lui tire, lire dans son œil rouge, rond, exorbité, l’incompréhension et possiblement la détresse.
à suivre…