INTRODUCTION A L’INSTALLATION: « Créature récente et indécise, l’homme dut, tant bien que mal, prendre place sur une terre que d’autres formes de vie occupaient depuis parfois des dizaines de millions d’années. On peut penser que, confronté à l’hostilité d’un milieu incompréhensible, le premier des sentiments qui s’imposa à sa conscience naissante dut, dans ces conditions, être l’effroi. L’homme est survenu de la stupéfaction. Elle est aux origines de la curiosité et finalement, de la connaissance même. Ces pierres de souvenir qui occupent le sol comme si elles gisaient sur des fonds marins veulent évoquer cet étonnement fulgurant qui nous saisit et nous laisse impuissant, abasourdi face à la fatalité. Il s’impose, de façon plus ou moins brutale, des étonnements anodins du quotidiens aux chocs mémorables du funeste. Pour moi, la STUPEFACTION est indissociable de la Méditerranée. J’ai vécu des décennies auprès d’une partenaire qui en défendait les splendeurs par la photographie. Cette proximité avec la mer s’est confirmée avec mon installation à Marseille. La Méditerranée, j’y ai plongé, je l’ai photographiée, je l’ai dessinée… c’est dire qu’elle m’imprègne corps et âme. Peu à peu —et très inconsciemment— le projet d’une installation sur le thème de la STUPEFACTION a pris sens lorsque peintures, argiles, sonorités et poésies ont trouvé à s’accorder autour de la disparition en milieu marin. Le sujet me concernait directement. Mais chacun aura une lecture personnelle sur le sens qu’il veut donner de cette l’installation —selon sa propre histoire et sa propre sensibilité— y voyant plutôt l’expression de chants, de rires, d’exclamations… Je me souviens, il y avait chez mes grand parent une statuette de vierge qui était sensée changer de couleur selon le temps qu’il faisait. En vrai, son aspect ne changeait guère mais moi je la voyais différente chaque jour non pas à cause de la météo mais bel et bien de mon humeur du moment. Aussi, ces créatures d’argile, moitié poisson moitie ange, comme remontées du fond d’un rêve, nous mettent face à nous même, à ce qui nous captive et nous envahit quand le sentiment est si fort qu’il bouscule la raison. Se révèlent-elles ainsi transitionnelles entre l’espace intérieur et l’espace extérieur… Auparavant, une curiosité existentielle m’avait poussé à voyager. En Asie d’abord, des années où je me suis intéressé aux spiritualités. Puis en Amérique Latine, en Antarctique, en Afrique où l’observation des animaux m’a fait apprendre davantage sur l’homme que l’étude des religions et des philosophies. Ces dernières années mon intérêt s’est focalisé sur le chamanisme, objet d’un album et d’un DVD réalisés en collaboration avec Fabienne Bernard, psychosociologue. Et si j’ai eu l’opportunité d’exposer mon travail photographique dans des lieux prestigieux tels que la Chapelle du Louvre, la Maison de l’UNESCO, la Grande Galerie Descartes, le Doh’art festival et la Biennale de Venise, mon intérêt pour les arts plastiques ne s’est jamais démenti depuis mes années d’étude aux écoles d’Arts parisiennes. Ainsi, je suis particulièrement heureux de pouvoir présenter jusqu’au 2 décembre —dans l’espace multiple de la galerie ZEMMA— ce travail sur la mer, ou plus exactement sur et sous la mer, puisque que se trouve concomitamment —sur les fonds sablonneux de la côte bleue à Niolon— le pendant immergé à cette installation terrestre. PdeW